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le chemin de Philarmor
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26 juillet 2009

D'autres vies que la mienne

d_autresJuliette et Étienne sont juges tous les deux. Leur spécialité, la défense des surendettés face à l'avidité des instituts financiers et organismes de crédit. Ce combat les unit, mais une amitié profonde, une grande complicité les rapproche encore plus, leur handicap, Étienne a été amputé d'une jambe à 22 ans suite à un cancer et Juliette se déplace avec des béquilles suite à un traitement mal adapté d'un cancer déclenché également très jeune. Dans l'extrait suivant, elle a 33 ans et la maladie fait à nouveau son apparition. Son état va s'aggraver de jours en jours. Étienne lui rend visite à l'hôpital.

"Il y a eu un moment de silence, puis elle a repris, plus doucement : j'ai horriblement peur de mourir, Étienne. Tu sais, quand j'ai été malade, à seize ans, je me faisais de la mort une idée romantique. Je trouvais çà séduisant, je ne savais pas si j'étais vraiment menacée, mais j'étais partante. Toi aussi, un jour, tu m'as dit qu'à dix-huit ans tu pensais qu'un cancer çà pourrait être sympa. Je me rappelle très bien, tu as dit "sympa". Mais maintenant, à cause des petites, çà me fait horreur. L'idée de les laisser me fait horreur. Tu comprends?  Étienne a hoché la tête. Il comprenait, bien sûr, mais au lieu de dire ce que n'importe qui d'autre aurait dit à sa place : qui te parle de mourir? Tu as une embolie pulmonaire, pas un cancer, ne t'affoles pas, il a dit : "si tu meurs, elles n'en mourront pas".
Ce n'est pas possible, elles ont trop besoin de moi. Personne ne les aimera jamais autant que moi.
Qu'est-ce que tu en sais? Tu es bien prétentieuse. J'espère que tu ne vas pas mourir maintenant, mais si tu dois, il va falloir que tu travailles, pas seulement à te dire, mais à penser vraiment : leur vie ne s'arrêtera pas avec moi. Même sans moi, elles pourront être heureuses. C'est du boulot."


Emmanuel Carrère décrit le parcours de ces 2 êtres, leur souffrance, leur combat. Juliette est sa belle-sœur. C'est Étienne qui a souhaité se livrer à lui pour qu'il en fasse un livre.
Le récit commence sur un autre drame que l'auteur a vécu. En vacance au Sri-Lanka au moment du Tsunami en 2004 il est confronté, de près et pour la première fois, dit-il, à la mort. Il assiste impuissant à la profonde détresse d'un couple qui vient de perdre une petite fille, prénommée elle aussi Juliette.

A travers ces trois destins, Emmanuel Carrère dévoile avec émotion et sincérité sa prise de conscience de la souffrance, de la mort. L'égoïsme insupportable qu'il affiche au début, se décrivant comme "excité" par la catastrophe  qui survient pendant les vacances ratées de son couple en dérive, se transforme en un regard sensEtienneible et juste sur d'autres vies que la sienne.

Pour visionner l'interview du juge Etienne Rigal cliquer sur la photo :

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Commentaires
P
merci de votre visite, j'aime faire partager mes bonnes lectures, celle-ci en est une.<br /> Bien amicalement
M
Bonjour, <br /> <br /> Je faisais des recherches sur ce livre qui m'a beaucoup marquée. Merci pour ce billet qui reflète très bien la tonalité du livre. Bonne continuation
P
Merci Nathalie. J'ai beaucoup aimé ce livre pour la sincérité de l'auteur et pour sa peinture des caractères, entre fragilité et force, comme le juge Etienne Rigal.<br /> Bonne journée à toi
N
Bonjour Philippe, ce livre a l'air très émouvant et doit susciter beaucoup de questions sur la vie.<br /> Très intéressantes tes présentations de lecture. Merci. Bonne journée, bises
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