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le chemin de Philarmor
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23 août 2009

Le courage de la dame de Rangoon

aungPrintemps 1988 : Aung San Suu Kyi débarque à Rangoon au chevet de sa mère malade. A l'annonce de la nouvelle elle a quitté précipitamment son mari, ses enfants, sa vie confortable dans la maison familiale d'Oxford, près de Londres ou elle suivait des études afro-orientales.
Elle n'y reviendra jamais.
Au même moment, le dictateur Ne Win, qui dirige le pays depuis 26 ans, annonce sa démission.
Un espoir se profile pour la population.
Mais ce n'est que pure manoeuvre, le vieux général de 77 ans avait programmé sa succession et écarté toute idée de référendum sur les institutions attendu dans le pays.
Un mouvement d'étudiants prend de l'ampleur.
Depuis l'enfance, Aung San Suu Kyi est habitée par la conviction qu'il lui faudra un jour se mettre au service de son pays. Elle vénère son père, le général Aung San, héros de l'indépendance birmane, assassiné alors qu'elle n'avait que 2 ans. Elle en écrira sa biographie en 1984.
La maison familiale devient le centre de la vie politique de Rangoo. On y cotoit des étudiants, des syndicalistes, des universitaires, des politiciens, des bonzes venant s'entretenir avec la fille du héros.
Fervante bouddhiste et admiratrice de Gandhi, proche des fils d'Indira, Aung San Suu Kyi clame que la non-violence et le respect des droits de l'homme sont inséparables de la lutte pour la démocratie.
Le 26 août 1988, devant une marée humaine, elle relaye la parole des manifestants en disant d'une voie calme et ferme que la Birmanie en a assez du pouvoir militaire, de l'isolement, de la pauvreté, de l'arbitraire et réclame un gouvernement civil démocratiquement élu.
Les manifestations et les grèves s'étendent dans tout le pays.
Le 18 septembre, les chars prennent position dans Rangoon, le couvre feu est proclamé, la répression fait 3000 morts.
Le général Saw Maung se proclame chef de l'état, 1er ministre, ministre de la défense et ministre des affaires étrangères.
Aung San Suu Kyi choisit de défier les militaires et crée la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND).
Elle redonne de l'espoir au Birmans et pendant 6 mois les réunions publiques se succèdent. Elle appelle à la résistance non-violente, au respect des droits de l'homme, à l'instauration de la démocratie. Pour la junte, sa popularité est insupportable.
En juillet 1989, elle est pour la 1ère fois assignée à résidence, pour 6 années.
Le 27 mai 1990 elle assiste au triomphe de son parti lors des élections que les militaires ont fini par organiser. Le LND obtient 82 % des voies.
Sous les yeux de la communauté internationale indifférente, le gouvernement en place décide d'ignorer le résultat des élections et de s'incruster au pouvoir.
Aujourd'hui, 20 années plus tard, c'est le généralissime Than Shwe, aussi paranoïaque que Ne Win, qui dirige le pays.
La nouvelle "voie birmane" proclamée est désastreuse.
Exportatrice de gaz, de teck, de jade, de rubis, la Birmanie est pillée par le régime. Le négoce de l'opium engraisse les généraux.
L'armée englouti 40 % du budget, les écoles et les hopitaux sont à l'abandon.
La fréquentation de la junte est jugée si indigne que plusieurs multinationales, Heineken, Carlsberg, Pepsi Cola,Levi Strauss, Apple, British American Tobacco ont plié bagages sous la pression des défenseurs des droits de l'homme.
Pas TOTAL, qui demeure l'une des principales ressources de la junte.
Le régime tient, soutenu par l'Inde, la Thaîlande et la Chine, indifférent aux molles leçons de morale du monde occidental.
Mais pour les militaires, le problème Aung San Suu Kyi demeure.
Elle résiste à toutes les manœuvres destinées à la faire craquer. Son mari mourant en 1999, les généraux ont la fausse générosité cruelle de lui proposer de partir à son chevet. Sa décision de rester à Rangoon est pour elle une véritable torture.
Les autorités birmanes ont deux armes : le baillon et le temps, l’assignation à résidence et la patience.
Un birman sur 3 a moins de 30 ans et avec le temps, son image et son message risque de s’estomper.
Surtout si le reste du monde, occupé à affronter la crise et à ménager les puissantes économies asiatiques, reste spectateur de la tragédie.

Synthèse d'un article paru dans le nouvelobs de cette semaine. Pour ne pas oublier le combat de cette femme, son courage et sa ténacité.

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Commentaires
P
Merci Anick pour ce poème et ce rappel nécessaire
A
Pour l'anniversaire de sa mort le 7 Octobre prochain un<br /> hommage à Anna Politkovskaïa :<br /> <br /> <br /> Colombe<br /> <br /> Dans un désert avare<br /> D’humanité<br /> Le regard<br /> D’une colombe s’est posé<br /> Où les loups, têtes basses,<br /> Ne se lassent<br /> De hurler,<br /> <br /> Dans un désert empoisonné<br /> Avare de vérité<br /> Une colombe, ce soir, est tombée.<br /> <br /> Anick Roschi 7 octobre 09
P
Merci pour ce lien, Anne. Tous les moyens doivent être tentés pour résister.
T
Beaucoup ne veulent pas oublier<br /> http://www.avaaz.org/fr/jail_the_generals/?cl=296016941&v=3774<br /> Merci pour le commentaire, la resistance est sur tout les plans<br /> A bientot :))<br /> Anne
P
Thank you for that poem, Anick. Could you tell us more about it?
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