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le chemin de Philarmor
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1 septembre 2009

"Longue marche" de Bernard Ollivier

longue_marche1A 60 ans, Bernard Ollivier n'envisage pas sa retraite autrement que dans l'action.
Ce journaliste écrivain décide de parcourir à pied, la route de la soie, sur la trace de Marco Polo, soit 12000 km, d'Istanbul à X'ian en Chine, sorte de défi d'un homme désireux de se retrouver face à lui-même, à ses illusions.
Il va parcourir ce périple en 4 étapes, de 1999 à 2002, reprenant, au printemps de chaque année, le chemin là ou il l'avait quitté l'année précédente, retraçant son aventure dans 3 ouvrages, sous le titre "Longue Marche".
Je viens de finir le tome 1, "traverser l'Anatolie", qui le mène d'Istanbul à la frontière turque avec l'Iran.
J'ai eu beaucoup de plaisir à suivre ses pas, à découvrir ses rencontres, les nombreux témoignages de sympathie, l'hospitalité rencontrée dans les villages, au cours de ses étapes.
Il nous fait également partager ses moments de doute, d'inquiétude, de peur aussi, lorsqu'il échappe, à deux reprises à des agresseurs et lorsqu'il est soumis au zèle et à la brutalité de la police turque, traquant les terroristes kurdes.
Si on salue son courage, on peut aussi se demander s'il n'y a pas une part d'inconscience dans son projet. Une traversée à pied, en solitaire, de contrées politiquement instables et plutôt hostiles à tout ce qui vient de l'occident est une entreprise à haut risque. Sa ténacité et son obstination l'obligent à n'accepter aucune aide véhiculée, sauf cas de force majeure. Lorsque cela lui arrive, il se fait reconduire, le lendemain, à l'endroit ou il a été récupéré, pour refaire le même chemin, à pied !
La première étape se termine plutôt mal, il raconte en détail son calvaire et on souffre avec lui.

 

Dans le passage suivant, au début du récit, il s'interroge sur sa frénésie de marcheur :

 

" Qu'est-ce donc qui me pousse toujours plus loin? Le bon sens et la prudence me commandaient de m'arrêter. Je m'en veux mais je ne peux m'en défendre. Encore un effort, toujours plus loin, je ne peux pas me retenir, comme si l'élan initial était incontrôlable. Je suis très critique à mon propre égard sur ce problème et toujours ma première victime.Quelle est cette furieuse envie de marcher, marcher encore qui me pousse? Vanité, orgueil, volonté de tester ma résistance, de battre je ne sais quel record ? A vrai dire je n'ai pas de réponse satisfaisante. Mais je connais bien ce sentiment, depuis que je pratique la course à pied, c'est-à-dire une vingtaine d'année...

 

...Pour ce qui concerne la marche, le besoin de me dépasser n'explique pas tout. Certes je trouve toujours l'herbe  plus verte un peu plus loin, derrière la colline, après ce village, au-delà de ce col. Mais à cet incontrôlable élan qui me pousse en avant se mêle aussi une crainte que j'ai peine à taire : celle de ne pas parvenir au but. Alors, comme un avare qui entasse ses écus, je thésaurise les kilomètres, de peur de manquer. Aspiré par le but, je marche, marche,tant que mes forces me permettent de mettre un pied devant l'autre et de porter mon barda. C'est d'autant plus incohérent que mes seules obligations sont celles que je me fixe. Je n'ai aucun délai à respecter, nul objectif quotidien à atteindre, aucune distance minimum à parcourir. Je dois certes, en quatre étapes annuelles, aller jusqu'à X'ian. Mais si je mettais un an supplémentaire, quelle importance ? A court terme je n'ai qu'une contrainte : atteindre la frontière iranienne avant que mon visa pour ce pays soit caduc. Et pour l'instant je n'ai pas de retard sur mon programme élaboré à Paris. Bien au contraire. Alors calme-toi, me dis-je, calme-toi. "

Je vais dévorer le tome 2 !

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Commentaires
P
Merci Sonam,le livre m'a passionné et le personnage m'intrigue un peu.
S
Oui on souffre avec lui, pourquoi se mettre de tels défis, mais chacun son chemin...Beaucoup de sensibilité dans ta description!
P
Merci de ta visite, beautemps et à bientôt
B
notre être se compose de : l'esprit ; le corps et la spiritualité - je trouve ton texte très profond - à bientôt de te lire à nouveau - très bonne soirée
P
Le mot spiritualité n'est jamais énoncé, mais il est effectivement sous jacent dans cette quête personnelle. L'auteur a d'ailleurs effectué le chemin de StJacques pour s'y préparer.<br /> A consommer sans modération!
le chemin de Philarmor
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