La diagonale du vide - Pierre PEJU

Marc mène une vie active de designer, toujours entre deux avions pour vendre ses petites boites d'emballage stylisées.

Un jour il décide de tout plaquer et se retrouve dans un gite d'accueil sur les plateaux de l'Ardèche dans une solitude forcée pour faire le point.

Notre enfance n'est jamais de l'histoire ancienne.

L'enfant que nous avons été, même si nous ne tenons pas à le revoir, même si nous ne l'avons pas convoqué, est soudain là. Il hante notre présent qui se trouble et s'obscurcit. Il a l'éclat légèrement tremblant des revenants.

Enfance pas morte, même si mon adolescence s'est couchée dessus pour l'étouffer. Même si ma maturité, lourde et large, s'est couchée sur mon adolescence. Même si toutes les figures, personnages et visages que j'ai utilisés au cours de ma vie se sont tassés les uns sur les autres, en strates successives, au fil des époques et des saisons, au gré des replis, des élans, des échecs ou des chances.

J'ai souvent songé à une sorte de sonde, tube étroit et résistant qu'il suffirait d'enfoncer verticalement à travers ces couches superposées de ma vie, un peu comme font les glaciologues qui prélèvent des échantillons dans les profondeurs de la banquise en pratiquant ce qu'ils appellent un "carottage", puis en analysant les gaz contenus dans les bulles figées dans la glace. Sur le long cylindre de mon existence congelée, on pourrait alors identifier différents moments. On ne découvrirait pas des bulles mais des mots énigmatiques. Des cris, des sonorités, des impressions, des croyances, des traces. Myriades de significations orphelines en suspension dans la gélatine du Temps.

Un jour une marcheuse énigmatique fait étape au gite. Fasciné par le personnage il l'accompagne quelques heures, la perd de vue et décide de la retrouver sur cette "diagonale du vide" qu'elle s'est engagée à parcourir. Il s'agit d'une bande de terrain qui traverse la France des Landes aux Ardennes, d'une largeur moyenne de 10 km, à la densité d'habitation extrêmement faible.

Il croise son chemin, elle lui échappe à nouveau.

Poussé par on ne sait quels motifs (lui-même n'en sait rien, il guette les évènements, les vit sans vraiment leurs donner de sens) sa quête va le conduire vers un mystérieux réseau de services secrets français de retour de mission spéciale en Afghanistan.

Une fois encore je me retrouvais loin de tout, sans intention bien claire, en compagnie d'inconnus auxquels je n'avais rien à dire.

Roman agréable à lire et suspense entretenu, personnages énigmatiques, pas franchement sympathiques, plutôt lâches, subissant leur condition.

Cette histoire nous interroge sur nos motivations, nos aspirations à donner un sens à nos actions, nos décisions, la responsabilité, la soumission à l'autorité, le Mal.

Pierre PEJU a obtenu le Prix du livre Inter en 2003 pour "La Petite Chartreuse" .

Comments

[philarmor]

ont toujours raison.

[banou]

Bonne année à toutes les choses,
Au monde, à la mer, aux forêts.
Bonne année à toutes les roses
Que l’hiver prépare en secret.

Bonne année à tous ceux qui m’aiment
Et qui m’entendent ici-bas.
Et bonne année aussi, quand même,
À tous ceux qui ne m’aiment pas. ☺

Rosemonde Gérard (1871-1953)

[nathalie1962]

Tous mes voeux de bonheur pour cette nouvelle année !
Bisous

[frédéric]

Je te souhaite des fêtes de fin d'année dans la joie partagée

frédéric ☻

[banou]

"Cette histoire nous interroge sur nos motivations, nos aspirations à donner un sens à nos actions, nos décisions, la responsabilité, la soumission à l'autorité, le Mal"

...si tu n'as pas encore lu, il t'intéressera
peut être, j'avais beaucoup aimé et vais en lire d'autres de l'auteur de "La prophétie des Andes"